REGLES DV IEV DES TAROTS

(as transcribed by Thierry Depaulis from the original printed text housed in the Bibliothèque nationale de France - this anonymous pamphlet can be assigned to Abbé Michel de Marolles who wrote it and had it printed at Nevers in 1637 - it therefore offers the earliest printed rules of the game of tarot)

Ce jeu qui est composé de soixante & dix-huict Cartes, se peut distribuer en cinq bandes, la première & la plus noble de toutes appellée triomphes qui sont au nombre de vingt-deux : & les quatre autres couleurs sont nommées d'espées, bastons, couppes & deniers, chacune desquelles a quatorze cartes : Sçauoir le Roy, la Royne, le Cheualier, & le Faon, qui s'appellent aussi les quatre honneurs & le reste depuis le dix iusques à laz, n'ayant pas peu de rapport à ces petites gens de la lie du peuple, qui sont beaucoup plus à charge qu'à plaisir, principallement quand il s'en rencontre de toutes les liurées auec peu de triomphes : Car alors les Roys mesmes auec leurs Amazones ny tout leur empire ne peuuent empescher vne ruine entiere au joüeur, qui n'auroit peu flechir les autres à refaire.

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La beauté de ce jeu est d'auoir force triomphes & principallement les hautes auec le Monde, le Math, & le Bagat, & quelques Roys : par ce qu'auec les triomphes on surmonte tous les efforts des quatres [sic] peintures, quand on y fait des renonces. Et par le moyen du Monde, Math, & Bagat, & les Roys, on se fait payer autant de marques de chacun que lon en peut leuer en joüant, à cause de quoy on les nomme Tarots par excellence. Et toutes les fois qu'ils paroissent dans le jeu, il leur faut payer le tribut ou eux mesmes sont contraints de payer la rençon s'ils tombent entre les mains de leurs ennemis, c'est à dire que celuy qui les perd donne vne marque à chacun.

Mais auant que d'entrer plus auant dans le destail de ce jeu, il me semble a propos de dire qu'il n'y faut estre que trois personnes au plus, & qu'il n'est pas fort agreable a deux, estant mesme encore necessaire d'y en supposer vn troisiesme que l'on appelle le Mort, duquel l'on tire selon le hazard autant de cartes que les autres font de mains pour estre emportées par celuy qui est le plus fort. Neantmoins ceux qui l'ayment extresmement s'y peuuent quelquefois diuertir de la sorte.

Mais afin de le trouuer plus agreable il est bon d'oster douze cartes inutiles des quatre peintures, c'est a dire trois de chacunes, sçauoir les dix, neuf, & huict des couppes & deniers, & les trois, deux & az d'espées & bastons qui sont les moindres de chacun de ces points, par ce que les hautes de couppes & deniers ne sont pas de plus grande valeur que les basses des Espées & bastons.

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Et ainsi comm'il faut distribuer toutes les cartes entre les joüeurs, il en demeurera vingt-quatre a celuy qui faict, & vingt & vne a chacun des autres. Cette vne, & ses quatre de plus que les vingt estant pour faire les escarts, sans toutesfois qu'il soit loysible d'escarter aucun des sept Tarots, ou des triomphes sur peine de deux marques a chacun.

Que si l'on escarte mal ou que l'on n'escarte point du tout, il faut donner vne marque a chacun, & ne plus rien compter.

Si l'on donne mal tout de mesme, on perd le coup, & les cartes ne se peuuent donner que trois a trois ou cinq a cinq. Et n'est pas permis de les regarder sinon celle de dessous sur peine d'vne marque a chacun.

Que s'il se trouue vn Tarot sous la main de celuy qui donne, il luy vaudra vne marque de chacun.

Au reste il n'est non plus permis de renoncer a ce ieu qu'à tous les autres ieux de carte [sic] sur peine d'vne marque a chacun & de ne plus rien compter, si toutesfois l'on ne recognoist sa faute en leuant la seconde main d'apres : Mais si par mégarde ou autrement l'on iette sur la table vne carte qui ne soit point de renonce on ne la doit plus retirer.

Celuy qui à [sic] laz de deniers appellé la carte de la belle gaigne vne marque de chacun en la joüant soit qu'on la perde ou qu'on ne la perde pas.

Trois Roys valent vne marque de chacun.

Quatre Roys valent quatre marques de chacun a cause de l'Imperiale & des quatre Tarots, autrement si l'on vouloit compter cinq ou six Tarots, lesdicts quatre Roys ne valent que trois marques.

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Deux Roys & le Math gaignent vne marque de chacun.

Trois Roys & le Math deux.

Quatre Roys & le Math six.

Le Monde, le Math & le Bagat, trois.

Quatre Tarots, vn.

Cinq Tarots, deux.

Six Tarots, trois.

Sept Tarots, quatre.

Les sept Tarots & la belle, cinq.

Si quelqu'vn n'a l'vn des trois Tarots, Monde, Math, & Bagat, il paye vne marque a celuy qui en a deux, & cela s'appelle qui n'a le sien.

Dix triomphes valent vne marque de chacun.

Quinze triomphes, deux.

Vingts triomphes, trois.

Qui a les quatre honneurs de chaque point ce qui s'apelle Imperiale gaigne vne marque de chacun.

Qui a les quatre Roynes les quatre Cheualiers, ou les quatre Faons, qui s'appellent aussi Imperiale, gaigne pareillement vne marque de chacun.

Si quelqu'vn a les quatre hautes ou les quatre basses de triomphes, ce qui s'appelle Brizigole gaigne vne marque de chacun.

Si quelqu'vn a les cinq hautes ou les cinq basses, il en gaigne deux.

S'il a les six hautes ou les six basses il en gaigne trois.

S'il fait le Bagat, ou vn Roy le dernier il en gaigne six.

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Celuy qui ne s'est point excusé en joüant en paye deux à chacun & cette excuse se faict auec la carte du Math, qui est vn des sept Tarots, qui ne prent point & ne peut estre pris, mais se presente sur la main des autres ioüeurs, & se remet dans les cartes qui sont leuées.

Si quelqu'vn ne montre point ses dix, quinze ou vingts triomphes il ne les compte point.

Et tout de mesme si quelqu'vn oublie aucune de ses Imperialles, Brizigoles, trois Roys, deux Roys & le Math, ou qui n'a le sien n'est plus receu à s'en souuenir.

Et d'autant que la valeur des cartes est aussi considerée lors qu'il faut desconter a la fin du coup, il est necessaire de sçauoir que chacun des sept Tarots vaut cinq points, s'il est joinct auec deux autres cartes de nulle valeur. Les Roynes valent quatre : les Cheualiers trois, & les Faons deux, se trouuans pareillement chacuns accompagnez de deux cartes sans prix. Et vne main toute simple vaut vn point.

Or afin de ne perdre aucune de ces cartes à la fin du coup, il est requis que chacun des trois pesonnes qui joüent aye vingt-cing [sic] de ces points dans son jeu : car s'il en perd cinq il payera vne marque à celuy qui les gaignera : S'il en perd dix, il payera deux marques, & s'il en perd quinze, il payera trois marques : mais s'il n'en perd que trois ou quatre il ne payera rien : & tout de mesme s'il n'en perd que sept, huict, ou neuf, il ne payera qu'vne marque : & dans ce descompte les triomphes, excepté le Monde, le Math, & Bagat, sont de nulle valeur pour les points que i'ay dits.

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Que si couppant pour voir qui fera il se rencontre quelque triomphe elle sera plus estimée qu'aucune des cartes du point, sinon le Math qui ne vaut rien du tout en ce rencontre.

Et si quelqu'vn à [sic] mauuais jeu il luy sera permis de prendre patience, & se desennuyer à donner du plaisir aux autres, si on ne luy faict la grace de recommancer le coup en payant force marques.



Dieser nunmehr auf 1637 datierte und Michel de Marolles zugeordnete Text erscheint in der Zeitschrift "Le Vieux Papier"  unter dem Titel "Quand l'abbé de Marolles jouait au tarot" (in Druck); er ist zuvor bereits 1984 in einem Begleitbuch zur Faksimile-Ausgabe desTarock von Jacques Vieville erschienen; der Originaltext wurde ebenfalls 1984 bei der Ausstellung "Tarot, jeu et magie" an der Bibliothèque nationale de France  (Katalognr. 34) gezeigt. Mein Dank gebührt Thierry Depaulis für die freundliche Überlassung des Textes zur Aufnahme in die Quellensamlung zum Thema Tarock auf meiner Website.

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